19/06/2024 - La Victoire de Laroque : Alzheimer en coulisses, magie sur scène CAJ

Le Centre d’Accueil de Jour Geneviève Laroque a relevé le défi de faire jouer au théâtre deux séniores atteintes de maladie neurodégénérative, un scénario digne des plus belles comédies.

À deux pas de l’Opéra, le Dr. Hind Wahid nous ouvre les portes du centre d’accueil de jour (CAJ) Laroque au beau milieu d’une matinée printanière. Neuropsychologue et membre de la Fondation depuis 2017, Hind est aujourd’hui directrice de deux CAJ. C’est avec un sourire chaleureux qu’elle nous accueille dans son bureau pour nous conter la genèse d’un atelier hors-du-commun.

Six mois plus tôt, le Dr Wahid poussait l’arrière porte communicante menant au « Club Senior de la Tour Des Dames ». Venue pour une information, elle reviendra avec la possibilité d'intégrer des personnes avec maladies neurodégénératives à un spectacle de transmissions intergénérationnelles : « ça part vraiment d’un pur hasard » explique-t-elle. Une grande première pour le CAJ puisque c’est la toute première fois qu’un atelier rassemble enfants, seniors et donc séniors avec pathologie.

Le défi de la mémoire

Rapidement, l’équipe du théâtre de l’Athénée, qui est à l’origine du projet, aide le Docteur Wahid à intégrer à la troupe Mme G. et Mme C., respectivement âgées de 75 et 94 ans et respectivement atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladie à Corps de Lewy. « On s’est demandé comment leur faire mémoriser la dizaine de textes qui compose cette chorale » précise Hind, « on savait pertinemment qu’il n’y aurait pas de rôles individuels mais qu’elles seraient intégrées au groupe. Finalement une des deux arrive à retenir quelques parties des refrains et l’autre absolument rien. Mais elle est ravie d’être là et elle a une présence scénique fabuleuse !».

Si en sortant de répétitions Mme G. garde des souvenirs bien encodés, il ne reste en revanche pratiquement rien à Mme C. : « Elle a un oubli à mesure tellement important qu’elle peut ne pas reconnaître sa propre veste. Par contre, elle est passionnée ! Et ça rend le moment magique : parce que sur scène, il n’y a plus de pathologie. »

Le théâtre comme thérapie

La grande représentation du 21 juin approche. Mais finalement, même sans Molière à la clé pour nos néo-comédiennes, l’Athénée sera le théâtre d’une victoire triomphante.

De fait, la pièce coche toutes les cases d’une thérapie non-médicamenteuse. La chorale Au cœur de l’Athénée combine un travail de mémoire sémantique (pour la lecture et la mémorisation), de mimétisme avec les quelques chorégraphies, une revalorisation de soi et de la sociabilisation. « On a de la stimulation sensorielle, cognitive et motrice » résume le Dr Wahid avant de conclure tout sourire, « une thérapie mais sans blouse blanche, sans cadre médicalisé bref sans tout ce qui peut être stigmatisant, et ça fait du bien ! ».