13/10/2020 - Ne pas perdre de vue l’enjeu thérapeutique tout en assurant la sécurité des personnes accueillies Centre d'accueil de jour
Dans le contexte de la Covid 19, les équipes pluridisciplinaires des 3 centres d’accueil de jour de la Fondation ont dû appliquer des mesures sanitaires, bouleversant leurs pratiques thérapeutiques habituelles : port du masque grand public ou chirurgical, désinfection et lavage des mains en systématique, distanciation sociale, prise de température...
Elles ont dû également se confronter à définir les usagers éligibles ou non à une reprise de suivi en accueil de jour, en fonction des critères posés :
- La capacité à tenir les gestes et mesures barrières sur toute une journée
- La situation d’isolement au domicile
- La fragilité de l’aidant
Les gestes barrières et la distanciation sociale ont rendu les stimulations plus ou moins statiques, la recommandation de l’ARS demandant de limiter les déplacements des usagers au maximum.
Quelques ainés et professionnels ont verbalisé leurs frustrations. De même, certains ont exprimé une perte de convivialité et d’autonomie : les groupes sont beaucoup moins fournis puisque les centres ne peuvent accueillir que très peu d’usagers par jour ; au moment des repas, le fait de ne manger qu’en duo, face à face, avec au moins 1,20 de distance et de ne plus partager le repas en grandes tablées; de ne plus participer à la vie du centre (préparation des dressages de tables, atelier cuisine, préparation des corbeilles de pain, courses….) ; de ne plus avoir la même richesse d’échange entre les uns et les autres avec la facilitation de proximité qui était toujours recherchée par les équipes ( beaucoup d’usagers ont aussi des déficits auditifs et visuels).
Les professionnels s’évertuent à être les plus créatifs possibles pour adapter leurs ateliers et conserver les objectifs principaux de l’accueil de jour : la socialisation, le plaisir, et le maintien des capacités psychomotrices et cognitives.
Pour le bien-être des usagers et des professionnels, les mesures ont progressivement fait émerger de nouvelles idées d’ateliers. Il s’agit au quotidien, de trouver le moyen de faire différemment tout en mesurant les risques et en appliquant les protocoles.
Notre problématique principale est de ne pas perdre de vue l’enjeu thérapeutique tout en assurant la sécurité des personnes accueillies. Dans ce sens, les mesures barrières mises en place bouleversent considérablement leurs repères antérieurs et les habitudes « apprises » malgré la maladie. Par un accompagnement de sensibilisation permanente, des répétitions et un aménagement de tous les espaces adapté, nous avons réussi à les faire accepter.
Un exemple de cette réadaptation comportementale et sociale ? Nous avons utilisé des repères visuels (scotch fluo rose sur le sol, affichage…) pour indiquer l’emplacement « obligatoire » de toutes les chaises et tables, tout au long de la journée.
A ce jour, la principale difficulté a été de réajuster les ateliers collectifs comprenant du matériel commun (ballons, médiateurs sensoriels, jeux de société, fléchettes) notamment les ateliers de stimulation motrice. Face à ce constat, nous avons innové en créant de nouveaux ateliers ne nécessitant pas d’objets médiateurs tout en pouvant stimuler le corps et l’esprit, comme des activités de mimes, de chant ou des ateliers rythmiques.
Au fil des semaines, tout ce travail a permis aux usagers d’accepter ce nouveau mode de vie « ensemble », et de maintenir leurs capacités d’autonomie antérieures.
Cependant, tout ce travail réalisé par les équipes pluridisciplinaire a bouleversé les pratiques, questionné sur la raison d’être des accueils de jour, leurs missions.
Beaucoup d’interrogations sur ces nouveaux critères d’éviction pour respecter les décisions de l’ARS. Les plus fragiles sont ceux qui bien sûr, ne peuvent plus respecter les protocoles en vigueur ; les aidants les plus fragiles sont aussi les proches de ces personnes.
Mettant en danger la collectivité, il nous est impossible de continuer à les accueillir. Comment l’expliquer aux usagers, comment l’annoncer aux familles ? Quel délai pouvons- nous communiquer pour un retour à la normal et donc au centre ?
Notre priorité est d’éviter toute rupture définitive dans le projet d’accompagnement à long terme
Pour pallier à ces arrêts, les psychologues, IDE, directrices, continuent à assurer une écoute active et orientent vers des partenaires du réseau (SAAD, SSIAD, ESA, Maison des Aînés et des Aidants Paris Est - Humanest, accueils temporaire en EHPAD…) afin de mettre en place des solutions de relai et de soutien au domicile.
Nous travaillons avec nos autorités de tutelles à une autre possibilité d’accompagnement des CAJ, dans ce contexte sanitaire, les visites à domicile.
C’est un sujet d’envergure, il a du sens mais il doit se construire avec l’adhésion des usagers et des équipes en étant porté par les autorités de tutelles sur les enjeux financiers et règlementaires.