05/04/2022 - Syndrome du bébé secoué HAD
A l’occasion de la Journée nationale du Syndrome du Bébé Secoué (SBS), les équipes pédiatrique et obstétrique du pôle Mère-Enfant de l’HAD nous expliquent leur rôle d’accompagnement et leur mission de prévention à domicile.
Le Syndrome du Bébé Secoué (SBS) est le traumatisme crânien le plus sévère de l’enfant de moins d’1 an car il cumule 3 facteurs de gravité : le jeune âge de l’enfant, le retard de diagnostic, de prise en charge et la répétition des traumatismes. Survenant le plus souvent dans des situations de pleurs, les secouements ne peuvent être confondus avec des situations ou des mouvements de jeu ; ils se distinguent par leur forte violence et leur répétitivité.
Le secouement de l’enfant, agrippé par le torse, peut provoquer un hématome sous dural par un mécanisme de cisaillements, d’arrachements des vaisseaux sanguins, et des lésions cérébrales par des chocs répétés du cerveau contre la boite crânienne entrainant des séquelles définitives.
Face à ce risque, la prévention est la mission principale des acteurs de soin de la petite enfance afin de garantir le meilleur développement possible de chaque enfant. Cette prévention passe par la connaissance de ce syndrome à toutes les étapes de la vie du petit enfant en commençant par les sages-femmes dans les maternités et à domicile, les soignants de la petite enfance et les travailleurs sociaux.
Si les statistiques ne sont pas exhaustives du fait des difficultés de diagnostic, il est néanmoins estimé que ce syndrome représenterait de 10 à 40 cas sur 100000 enfants de moins d’1 an. En réaction, des recommandations de bonnes pratiques ont été publiées par la HAS en 2017 et ont conduit à la structuration de la prévention grâce à des campagnes nationales et à la réalisation de supports informatifs et de sensibilisation. Par exemple, aujourd’hui, dans chaque carnet de santé, une page d’information est consacrée au Syndrome du Bébé Secoué.
Au sein de ce dispositif global de prévention, l’Hospitalisation A Domicile occupe une place essentielle puisqu’elle permet la rencontre de l’enfant et du ou des parents chez eux. Pour les puéricultrices et sages-femmes de l’HAD, intégrer le domicile est en effet un moyen d’observer les situations, de s’adresser aux parents de la manière la plus adaptée et de répondre aux besoins spécifiques de chacun d’eux, en construisant un vrai lien de confiance. Cette proximité permet en effet de soutenir la relation parent-enfant tout en valorisant les compétences parentales gravement ébranlées par une naissance prématurée, une maladie ou un handicap de l’enfant.
Le travail réalisé par les professionnels du pôle Mère-Enfant à domicile auprès des bébés les plus à risque d’être victime du Syndrome du Bébé Secoué permet de briser l’isolement du parent, et ce, dès la sortie de l’hôpital. Ce mode de prévention est adapté à cette forme particulière de maltraitance qui survient toujours dans le cas d’une personne seule, isolée, dans un lieu fermé, sans témoin et jamais dans un lieu public lorsque l’enfant pleure beaucoup et que l’adulte ressent un sentiment d’impuissance, de culpabilité, d’incompétence, dépassé par sa propre colère.
Par ailleurs, la pluridisciplinarité de l’HAD permet aux puéricultrices de relater la situation en réunion d’équipe (staff), de recueillir l’avis de la psychologue, de l’assistante sociale, de la pédiatre afin d’établir une prise en charge puis des relais adaptés aux besoins de l’enfant et de sa famille. Grâce au soutien et à l’accompagnement d’expertises professionnelles complémentaires en HAD, le parent peut disposer de ressources pour apprendre à contrôler ses émotions négatives et interpeller les soignants disponibles 24h/24 et 7j/7 dans le but de rompre l’isolement qui est le facteur principal de cette maltraitance.
Dr. Agnès LEHNERT et l’équipe du pôle Mère-Enfant de l’HAD